Trouver son soleil
D’habitude, aux prémices du printemps, je hume le renouveau, je m’agite pour organiser des pique-niques, et je jubile de ressortir une fois ou l’autre après dîner pour me laisser saisir par la magie de Chartres en lumières. Je commence à vivre en ballerines, à dormir parfois volets ouverts. Je me métamorphose en une version de moi-même un peu plus vive, un peu moins frileuse, le cou tendu comme un suricate à la moindre vue d’une boule de glace, d’une abeille travailleuse, ou d’un bel arbre en fleurs.
Mais cette année, rien à faire, mon corps a fait taire le réveil. Il a même violemment tapé dessus ! La cure de sève de bouleau, la vitamine D, un beau dimanche au bord de l’eau (dans le vocabulaire chartrain on dit d’ailleurs au bord de l’Eure…) n’ont eu que peu d’effet. Il a continué à vouloir hiberner, à bouder, à me torturer (si si, il est allé jusque là ) ou à réclamer encore et encore d’avoir la paix.
Doucement…
Soit. J’étais bien forcée d’accepter, et j’étais mal placée pour le juger, mon petit corps, puisque moi aussi j’en ai assommé, des réveils qui sonnaient trop tôt – Je l’ai donc laissé doucement reconquérir ses forces.
J’ai mis de côté certains projets et de nombreux « il faudrait », et dans ces cas-là, méditer de temps en temps pour faire le vide et mettre l’esprit au repos ne suffit pas… Cela implique de savoir dire « non » très souvent, sans se culpabiliser ni trop se sentir frustrée, et ce n’est pas chose aisée ! J’ai fait au mieux. J’ai du imposer ma volonté, et parfois j’ai laissé faire, aussi, observant en moi ce sentiment connu, pas désagréable à mon goût, d’être en décalage avec le rythme général et avec le temps. Le temps des autres, le temps de la météo également… D’être à la recherche d’une autre harmonie.
S’il y a une chose avec laquelle je ne me débrouille pas trop mal question temporalité, c’est cultiver le plaisir de l’attente, pour encore mieux savourer les choses à l’arrivée ! Vous l’avez bien compris à travers la cadence de ce blog, j’ai besoin de laisser les choses se faire désirer, mûrir, me traverser… J’ai besoin que le temps agisse, mette à l’épreuve mes futurs souvenirs… Ce temps qui « travaille » pour moi fait que je vous parle souvent d’un été en automne ou de printemps à Noël et vice versa, mais ce n’est pas bien grave !
Je décidais donc de patienter, en douceur, certaine qu’il finirait pas s’installer, ce printemps… Et de conjuguer à cette attente quelques bontés envers moi-même.
Ecrire
Durant cette période, j’étais beaucoup absente, ici où là, mais j’étais en fait on ne peut plus présente en moi-même. Et malgré mon corps fâché, malgré les jours pluvieux, j’ai vu un beau matin clair se lever.
Je me suis retrouvée à participer à différents (et jolis) projets d’écriture, ce que j’avais un peu trop délaissé. Par « différents » je veux dire plusieurs, mais aussi variés. Cela est arrivé, comme on le dit, selon les hasards du calendrier. (Si les hasards existent…) Je crois plutôt que cela s’est imposé par instinct de secouer quelque chose qui s’endormait. Qui se fatiguait.
Ecrire est une activité qui peut s’inscrire sur un temps de repos, de rêverie, de détente, de pleine conscience, que ce soit dans un joli petit café, ou allongée chez soi dans une ambiance cocooning, avec une tasse de thé, un peignoir tout doux et du chocolat. Et c’est aussi une aventure à chaque fois surprenante ! Ecrire libère les émotions et ouvre l’esprit. Ecrire, c’est à la fois doux et vertigineux, c’est un exercice de lâcher-prise lors du premier jet, puis de rigueur à le re-travailler, de mémoire tout autant que de délire imaginatif… Même immobile, c’est un exercice de liberté.
Écrire, c’est partir un peu à la recherche de soi-même. (Ne vous leurrez pas : même en toute modestie, il sera toujours un peu question de vous, quel que soit le sujet) et c’est partir à la rencontre des autres : vos lecteurs, vos personnages, vos partenaires d’écriture…
En conclusion écrire, peut réveiller un feu intérieur, un brasier, une énergie !
Si vous avez en vous cette envie d’écrire mais que vous n’osez pas, pourquoi ne pas tester dans un premier temps un atelier ponctuel et en ligne, de chez vous, tranquillement derrière votre écran ?
J’ai participé ces dernières semaines aux sessions d’écriture créative d’Anne-Gaëlle HUON et j’en suis « ressortie » stimulée, rafraîchie et émue.
Anne-gaëlle nous a envoyé durant 3 semaines des kilos de confiance et de peps aussi bien dans sa manière de nous proposer les consignes, que dans ses commentaires à chacun de nos textes. Tout cela s’est fait dans une joyeuse énergie et une bienveillance totale, soufflée sur nous et entre nous. (Mais dépêchez-vous, car elle risque d’être bientôt trop accaparée par sa prometteuse carrière d’écrivain).
Je ne veux pas trop en révéler sur les exercices auxquels nous nous sommes prêtées, car il est bon de se laisser porter et surprendre. Il s’agit d’une écriture récréative, sans enjeu, sans pression, mais qui vous ouvrira de nouveaux horizons. Un grand merci à notre coach-animatrice et à mes réjouissantes compagnes d’écriture. Nous étions une dizaine d’aventurières et ce groupe semblait parfois trop beau pour être vrai… Il y avait même un dialogue évident entre nos textes à toutes et des transmissions de pensées !
Trouver son soleil
Il me manquait certes un peu de vitamine D pour refaire surface, mais il me manquait aussi cette lumière intérieure, ce propre soleil qu’il ne faut pas abandonner, pour vibrer et rayonner. Et alors, les conditions extérieures ou la fatigue n’ont plus vraiment la même importance. Oui, il y a les petits bonheurs au quotidien, qui nous apaisent, nous ressourcent, nous font chavirer le coeur, mais il y a aussi ce qui brûle en nous à ne pas négliger, cette passion, ces rêves ancrés qui dans les moments difficiles relancent le moteur ! Il est normal de scruter le ciel, de rêver d’un déjeuner sur l’herbe, mais n’oublions pas de trouver notre soleil. Celui qui ne dépend que de nous.
De cette période au ralenti forcé, il restera des rendez-vous manqués, des renoncements, mais aussi :
vos touchants mots d’inquiétude, un texte à paraître dans les pages d’un magazine, des intentions clarifiées, toujours beaucoup (encore plus !) de livres qui m’attendent, des insta-copines d’écriture, ce soleil redécouvert en griffonnant des cahiers, la surprise des premières fraises locales dans la grisaille, des travaux enfin lancés, un entrepreneur dévoué et des tonnes de poussières, bien moins de repas faits maison et plus de plats asiatiques (à emporter) et de nombreux « gâteaux au yaourt » en lisant des revues au petit-déjeuner, parce que c’est délicieux et simplissime à faire… Et des câlins de mon fils, des câlins… plus encore qu’à l’ordinaire !
Je vous embrasse, et vous souhaite d’avoir trouvé votre feu sacré… Beau et heureux week-end à vous !
La vie ce n’est pas d’attendre que l’orage passe mais c’est d’apprendre à danser sous la pluie.
Sénèque
Puissent ces mots vous faire comme à moi l’effet d’un sceau d’eau glacée chaque fois que la vie vous malmène, et que vous les lirez !
Merci à Exploratology et Maison Ailleurs qui apparaissent sur quelques unes de mes photos, sous la forme d’un carnet, d’un livre, d’une jolie clé…
toujours aussi juste et sensible , baisers , Laurence
Oh merci ma Laurence ! 🙂
Claire, je viens de dérouler ton texte et de le déguster mot après mot, j’ai senti une légère brume m’effleurer les joues, puis j’ai continué, j’ai admiré cette lutte que tu fais parfois avec ton corps, cette ferveur de vivre, toutes ces belles choses que tu nous fait découvrir, tous ces partages, toutes tes émotions, tout ce Bonheur avec tes deux Amours, et là je me suis apperçu que c’était toi notre soleil.
Ton commentaire m’a tellement émue que j’ai un peu pleuré…
Je t’embrasse fort.
Claire que je ne connais pas… Merci pour cette lecture émouvante, qui bouscule, moi aussi des larmes, des larmes de joie? de tristesse? de lâcher prise? Des larmes parce que je prends le temps de sortir de la routine, des contraintes, pour lire ce message et méditer sur mon soleil à moi.. Merci aussi pour ces photos magnifiques que tu diffuses et qui vont elles aussi droit au coeur, qui me touchent à chaque fois. Des petits moments de vie et de partage qui permettent « de danser sous la pluie » 😉
Oh vraiment, Frédérique, quel beau message. Il m’encourage à persévérer dans la voie d’un blog qui est aussi un peu l’expression de ma sensibilité… (et pas uniquement gourmand ! )
Peu de personnes prennent le temps de laisser un commentaire… et je prends cela comme un véritable cadeau.
Merci.
Pardon pour les quelques larmes. J’espère qu’elles auront été libératrices et fécondes !