En Eure-et-Loir

Bonneval, le Loir, et Les Vergers de Beauce

Sous un ciel immense.

Dans la plaine de la Beauce, les cours d’eau et les nuages donnent corps à mes rêveries, m’aident à me fondre dans l’instant, brisent la monotonie.

Sur ce plat territoire, où l’on parcourt des kilomètres sous un ciel immense, entourés uniquement de champs de blé, de maïs, de pommes de terre, de betteraves ou de colza, il faut être un voyageur bien patient. Mais dès lors que l’on quitte la grande route, se dessinent des oasis : des hameaux pittoresques, de doux coins de nature, de bonnes tables du terroir, des plaisirs simples, des châteaux, des villes surprenantes, et même quelques promontoires…

On peut dire qu’en Eure et Loir, les choses se vivent autant qu’elles se visitent… Et peut-être même encore plus qu’elles ne se visitent ! Il faut savoir prendre son temps en plus d’être curieux, oser des visites insolites et des modes de locomotion qui se prêtent davantage à la contemplation.

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« La petite Venise de Beauce »

Je vous présente Bonneval, une jolie cité médiévale au sud de Chartres (35 mn) et relativement proche de Paris (1h30), entourée de canaux et baignée par les eaux du Loir, dont la haute vallée débute ici. (Ou plus exactement, à une trentaine de kilomètres en amont, en passant tout d’abord par Illiers-Combray.)

C’est une fois encore grâce à Eure et Loir tourisme, et particulièrement Flora, que je suis partie à la découverte de cette petite ville, dont les abords (en passant sur la nationale) ne laissaient en rien présager son charme. Quelle surprise !

Aux beaux jours, d’avril à fin septembre, la façon la plus agréable de l’aborder est d’en faire le tour en canoé kayak ou en bateau électrique, et dès juillet on peut y admirer Bonneval, lumières au fil de l’eau depuis les rives ou son embarcation.

Mais il est aussi bien agréable de découvrir son petit centre ville (et son église gothique) quelle que soit la saison, lorsqu’il est moins fréquenté, et de faire une halte (et des provisions) à la merveilleuse épicerie Les vergers de Beauce – dont je vous parlerai un peu plus bas.

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 Une journée au fil de l’eau…

Il y avait des gazouillis, le clapotis, cette petite musique du Loir qui chuchotait, tout jeune encore.

Il y avait le propre des rivières, l’apaisement, un autre rythme – inestimable – et des jeux de lumière, des éblouissements, des contrastes forts et doux à la fois. Des fraises énormes, un trop petit fromage, des doigts gourmands, des lèvres à la pomme et au cassis !

ll y avait des canes en goguette, des surprises à tous les lavoirs, des bâtisses belles à faire demi-tour, des escaliers menant à des nénuphars, de petits bateaux sur l’eau, des photos prises en tout sens, des ponts de poupée, des saules en silence, de sourdes extases de liberté, des cascades de sureau, mon panama, et quatre mains sur un volant pour satisfaire mon insouciance.
Il y avait ces dizaines de milliers de dégradés de verts, des virages en souriant (ou en criant « redresse ! ») des yeux éblouis, en amandes. Des parfums d’herbe tendre. Une libellule, vêtue comme un roi.
Mais aussi le rhume des foins, quelques bons vieux gros mots, des douleurs à moitié mises de côté, l’appareil-photo déréglé au mauvais moment… La vie imparfaite mais jolie !
Et la jambe droite d’un héron, piqué sur l’horizon. Comme une estampe, comme la dernière ligne d’une poésie.

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La capitainerie

Que j’ai aimé Bonneval, et ces moments à la fois amusants et contemplatifs à bord de notre barque électrique, donc totalement silencieuse et écologique ! Nous avons été chaleureusement accueillis par Dorothée et les matelots, à la capitainerie. Et j’ai passé une douce journée, à cligner des yeux et à m’émerveiller…

Voici quelques petites choses à savoir, à propos de cette visite où vous naviguez en toute indépendance.

Tout d’abord, mieux vaut réserver !

Il existe deux parcours, l’un de trente minutes et l’autre d’une heure. Ce dernier a ma préférence car il est plus varié et contrasté… et parce que les moments de bonheur semblent toujours passer si vite ! En plus des « essentiels » à voir du vieux Bonneval, ses tours magnifiques, et ses murailles d’où les pigeons vous surveillent, cet itinéraire plus long, offre une boucle dans la nature. On passe ainsi de l’aplomb des maisons du centre-ville au calme de quelques prairies ou jardins fleuris (assez idylliques) et aux fossés d’enceinte au Loir à proprement parlé, où les canards s’en donnent à coeur joie.

La balade dévoile une succession de passerelles et de ponts, d’affiches désuètes et de lavoirs. Et un plan vous indique votre chemin et quels sont les caractéristiques des édifices croisés.

Je vous avoue que pour moi la croisière serait à refaire mille fois, car comment choisir où porter son attention entre les si belles pierres, la glycine qui dégouline, un colvert qui surgit avec madame et leurs petits, un rond dans l’eau, entre faire une photo, caresser le saule pleureur, ou jeter un coup d’oeil au regard pétillant de mon propre caneton ?

Le bateau peut accueillir jusqu’à cinq personnes, et selon l’itinéraire choisi le prix de la location est de 16 ou 26 euros. Il se conduit si facilement, qu’à partir d’un certain âge, même un enfant peut se mettre au volant. Bien encadré et aidé tout de même ! Car le canal est parfois étroit et la force d’inertie dans les virages pas toujours facile à estimer, ce qui déclenche quelques paniques ou fou rires. Il est d’ailleurs assez drôle d’observer les navigateurs venant en face : les passagers ont en principe des sourires béats et relaxés tandis que celui qui est à la barre se mord souvent un peu les lèvres !

Mais j’en dis trop. Je dépose donc plutôt quelques photos… et je vous raconte plus bas le pique-nique locavore, à la fois simple et fabuleux, que vous pourriez déguster là-bas.

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Les Vergers de Beauce

L’épicerie  (recommandée par le guide du Routard depuis 2018) se trouve dans le centre, à deux minutes à pieds de la capitainerie. Vous ne pouvez pas la manquer avec sa belle devanture d’un vert tout frais ; c’est une adresse pleine de cachet, chaleureuse, une épicerie d’antan comme on n’en fait plus.

Elle est tenue par Pauline et Benjamin (jeunes et dynamiques, à l’inverse de ces murs anciens) qui s’engagent pour une consommation en circuit court chaque fois que possible, pour une agriculture bio ou raisonnée, et des produits locaux et de saison.

Ils ont à coeur de faire connaître les producteurs avec qui ils travaillent, de re-créer du lien, d’aider à retrouver de la transparence et la possibilité pour nous, clients / consom’acteurs, de faire de vrais choix.

Leur magasin, avec ses tomettes, son haut plafond et ses boiseries, est un lieu sauvegardé tout d’abord par un antiquaire qui, en l’occupant, n’a pas voulu casser ce qui faisait son charme… Puis par une chapelière qui l’a laissé dans son jus… Et maintenant par eux deux, qui l’ont rénové et l’entretiennent dans le respect de son style d’origine. (À l’arrière, bien caché, un jardinet donne sur la rivière, et ils y ont installé une ruche en partenariat avec un apiculteur renommé. Ce qui donne parfois l’occasion de déguster le miel le plus frais du monde !)

On y trouve une grande gentillesse, des fruits et légumes, un rayon crèmerie-fromagerie, et un rayon épicerie (sucrée et salée) avec un large choix de boissons. Presque tous les produits sont du terroir eurélien ou des environs (ou bien ce sont des produits français, artisanaux, labélisés, de qualité (c’est le cas des quelques fromages fermiers moins autochtones). Bien-sûr, vous y trouverez aussi des bananes ou des avocats, mais cela reste l’exception… Les bonnevalais peuvent ainsi varier, sans être obligés de faire leurs courses à l’hypermarché. (Quelques compromis sont toujours bons à faire pour aller dans le bon sens).

Vous pouvez y commander des paniers de saison hebdomadaires, des paniers garnis à offrir, des corbeilles de fruits pour les célébrations ou buffets lors d’évènements professionnels… ou y acheter un panier « pique-nique » pour votre journée à Bonneval ou dans les environs !

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Un pique-nique locavore !

Ce panier pique-nique fut un vrai coup de cœur ! Parfaitement simple et savoureux, rustique juste comme il faut. (Le bonheur de mordre dans des carottes jeunes, fraîchement cueillis et simplement rincées !)

Il avait également le mérite d’être zéro déchet (un sac en papier et des contenants en verre réutilisables) à l’exception d’un paquet de chips… mais elles sont si exceptionnelles nos chips artisanales de Beauce, que l’on ferme les yeux. Oui, je parle des inimitables Belsia cuites et assaisonnées sur le lieu même où les pommes de terre sont cultivées, qui sont garanties sans gluten, et qui sont vraiment les meilleures que je connaisse !

Habituée à devoir tout prévoir en raison de mes intolérances alimentaires, j’adore lorsque je n’ai à me soucier de rien… Alors, commander puis passer chercher (ou l’acheter sur place, si les commandes ne sont pas possibles) un casse-croûte à savourer avant ou après le tour en barque, est un double plaisir ! (Que ce soit lors des soleils balbutiants du printemps et ses premières fraises de l’année, dans la chaleur de l’été, ou face à la beauté des berges mâtinées d’automne, avec un thermos de thé… #hygge)

Pauline et Benjamin sauront vous indiquer où vous installer. Vous pouvez par exemple vous attabler au bord de l’eau du côté du club de kayak, au moulin du pont.

Si vous mangez sans gluten ou êtes végétarien, ou souhaitez faire d’autres ajustements (comme acheter du fromage de chèvre plutôt que de vache) c’est tout à fait possible Il suffira de prévoir vôtre pain et de remplacer la terrine par une tartinade végétale.

N’oubliez pas un bon couteau (un décapsuleur éventuellement) et un torchon. Pour le reste, tout est meilleur à la bonne franquette, au goulot et avec les doigts !

À titre d’exemple, notre repas se compose en principe d’une baguette pour deux, d’une part de tome de Beauce ou d’un fromage de chèvre (Je vous recommande le Petit Perche fumé ou le Trèfle du Perche (Ils sont bien-sûr fabriqués à quelques kilomètres de là et sont divins.) D’une terrine bonnevalaise (excellente) ou d’une tartinade de légumes L’eurélienne (poireaux, courgettes…) de chips Belsia, de tomates cerises ou autre légume à croquer (chou-fleur, botte de radis ou carottes…) et de fruits de saison. Le tout accompagné d’un jus de pommes bio artisanal ou d’une limonade La Beauceronne, et d’une bière locale pour Monsieur.

Mieux vaut prévoir large et prendre dans la voiture une petite glacière pour les restes, ce n’est pas tous les jours que l’on fait des emplettes aussi goûteuses…

Et c’est aussi l’occasion pour moi de faire une provision de produits sans gluten locaux : farines de maïs, de sarrasin, de quinoa-sarrasin… polenta, flocons d’avoines, haricots rouges, lentilles ou pois chiches etc.

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Cette Venise là n’est pas grandiose, ni multicolore, ni élancée, ni irréelle, ni rongée par le sel… Elle est faite de  pierres nues, à certaines heures plus dorées, de glycines, d’asters, de saules et de nymphéas. Et la mer qui l’entoure est de blé. Elle est un petit nid fermé, solide massif, ancré, qui respire le bon sens terrien derrière tous les volets. Mais elle aussi, est belle.

Une fois là-bas, il est tentant d’écouter d’où vient le vent, et de poursuivre dans le sens du courant…

En reprenant la route, vous n’êtes qu’à vingt petites minutes de Châteaudun, son imposant (et remarquable) château, ses grottes, son escape game original, ses ruelles médiévales, son architecture de caractère, et ses bons restaurants…

Prêts pour de nouvelles aventures ?!

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Claire