Les bonnes tables de Chartres

Feeling good au Café bleu

J’aime ces lieux qui mettent délicieusement d’accord les gens de passage et les gens du quartier ; qui deviennent des repères, des adresses que l’on se refile à tous bouts de champs et qui sont des refuges par tous les temps. A Chartres, il y a quelques maisons comme cela… des valeurs sûres, où l’on sait que tout ira. Des adresses à la fois « bien à nous » où l’on croise les habitués, et qui enchantent aussi les curieux, ceux qui savent vivre, ces touristes qui ne remonteront pas dans leur bus aussitôt fait le tour de la cathédrale, mais qui resteront pour goûter la douce vie d’ici… goûter au meilleur oeuf cocotte du monde, ou aux plats si frenchy dont les guides ont parlé. Ceux qui, avec leur petit accent, s’amuseront à dire Voilà, C‘est la vie, en trinquant à la table à côté, avec un petit vin divin !

Au Café bleu vous croiserez ces aventuriers gourmands, mais surtout une flopée de Chartrains et gens du coin, car ce café-restaurant fait l’unanimité ! Tout commence autour du p’tit-café-d’huit-heure pour entamer la journée… et la maison tourne ainsi comme une horloge jusqu’à 22h pour ceux qui n’auraient pas vu l’heure et qui déjeunent à quinze heures, ou pour ceux qui s’attablent après le cinéma ou une scintillante flânerie...

Vous y apercevrez sûrement Philou, qui bavarde et savoure… pendant que les chats dansent la samba dans son séjour ! Lizou, dont les yeux pétillent tout en notant la référence du papier peint, Emma qui recharge les batteries (un bon petit plat et ça repart !) ou Delphine que je soupçonne de humer son assiette fort longtemps… Tiens, à quand une bougie au parfum de Chablis… ou d’os à moelle grillé pour se remémorer les vacances chez mémée ?

Et vous m’y verrez peut-être moi, qui sait ! Surtout l’été pour de petits moments volés à l’heure dorée… Souvenez-vous, je vous avais parlé du Feeling good sur Instagram, ce cocktail  sans alcool  à base de Ginger Ale et de jus de cranberry qui fait tout de même tourner la tête (tellement on l’aime) et de ces petites joies d’être là, au soleil, à Chartres, sur cette terrasse… l’âme tranquille. 

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Au bon endroit…

Passer près de la cathédrale, dans ce périmètre appelé le cloître, a toujours quelque chose de grisant, je trouve, et d’heureux. Cela réveille en moi un sentiment tourbillonnant, un petit chahut d’énergie, comme le vent fou dans mes cheveux. C’est un peu comme sentir au loin l’océan… un remous à la fois puissant et apaisant. Cette sensation qui me traverse en traversant le parvis, c’est un mélange de crânerie (mais oui ! Lorsque des promeneurs me voient vaquer à mon train-train dans un décor pour lequel ils ont parfois payé le prix de tant de kilomètres) et de courage qui me prend ! Presque un sentiment de triomphe plutôt que de reconnaissance, d’être là, devenue villageoise de ce quartier historique, voisine d’une grande dame qui nous insuffle l’idée qu’ici peut-être rien n’est impossible à mener. Un sentiment d’efforts récompensés quand le vent me résiste et que je tiens debout… Quand la traversée veut dire que tous les combats mais aussi toutes les aubaines m’ont conduite ici.  #wonderclairette

C’est un lieu où tout converge, c’est le rappel d’autres heures…. et l’on a beau se dire que la ville ne se résume pas à ce bel édifice, on ne peut pas nier qu’ici bat son coeur. Parfois c’est un peu désert, il n’est que pour nous, comme ces lundi d’hiver brumeux à la tombée du jour… Parfois, c’est l’effervescence ! Il y a les perches à selfie, tous les nez levés, le petit train qui se remplit, le bruit crissant du gravier, le carillon, les concerts en plein air, les familles aux nombreux petits écoliers, Chartres en lumière

C’est parfois très vivant mais toujours paisible. Dans le calme, les touristes s’égrènent avec de grands yeux écarquillés au fil de la journée. Et dans leur sillage l’émerveillement laisse comme une traine…

Il est là, sur cette place, au bon endroit, le Café bleu !

Il révèle des coussins d’un indigo vibrant et des miroirs Reine mère au design responsable, le sublime cannage de ses dossiers de chaises, des petites attentions offertes, et les meilleures chips qui soient à l’apéro ! (Nos Belsia de la Beauce) Il renferme des assiettes généreuses et de saison, des plats traditionnels, remis au goût du jour, et des maîtres de la cuisson parfaite.

Il y a le doux profil de Fanny dans la lumière qui traverse, comme dans ces maisons flamandes, Imbert en serveur attentif et attentionné… et le professionnalisme jamais guindé mais toujours précis d’Antoine.

Bien, bien, bien…

Parfois on y pleurniche un peu, pour des places en terrasse quand il n’y en a pas… Mais le « Non, désolé » reste toujours gentil, voire ennuyé, si vous insistez. Et le lendemain, ils vous dénichent cette table un peu coincée, pas très pratique pour le service mais que vous aviez repérée, celle où la lumière vous plaisait ! Ils font pour vous des allers et retours en cuisine pour vérifier telle ou telle sauce (j’y pense : Il y a un peu de farine dans les rognons de veau à la moutarde de Digny, orientez-vous sur un autre choix si comme moi vous ne pouvez pas !) ou ils vous arrangent des assiettes végétariennes, par exemple un tartare de betteraves, un velouté de saison avec une pointe de magie, des poireaux vinaigrette pour les plus tradi‘, ou un cappuccino de légumes, comme celui de petits pois avec sa chantilly de mascarpone. (Mais moi qui suis flexitarienne, quand je vais là-bas, ma nature carnivore reprend souvent ses droits !)

Croyez-moi sur parole (plutôt que d’exiger beaucoup pour vérifier) Ils sont sympas ! Il y flotte un bon esprit.

On y est bien. Seule, au chaud, le nez dans une infusion fumante en écoutant le chant du percolateur, le regard perdu sur l’élégance des lieux sans faille et la fenêtre du fond… Ou bien après la sortie d’école, avec le petit monsieur, à se partager la première fraise melba de l’année !

On y est bien sous les acacias, pour une journée décolletée à siroter du bio en picorant à deux du chorizo, sur une planche (le chorizo, pas nous, sur la planche, hein !) ; pour y admirer la vue sur la cathédrale et son spectacle magique une fois la nuit tombée.

On y est bien avec des amis, ou pour un déjeuner au soleil tous les trois, à badiner gentiment, à décortiquer en souriant la petite gousse d’ail en chemise tout en voyant bien les passants du coin de l’oeil, comme un ballet sans surprise… à s’extasier ensemble – en fervents locavores – du si bon goût des produits du terroir ou de bonnes provenances, à se féliciter aussi d’avoir tout quitté !

Ces fois-là, avec mon mari (et tout ça, c’est grâce à lui) nous prenons un sacré bon bain d’auto satisfaction, d’avoir un jour osé abandonner une vie que l’on trouvait pourtant bien faite. D’avoir osé donner de petits coups de canif dans nos certitudes. D’avoir choisi de vivre ici.

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Causerie cosy et petits plats

Le style de la maison, toujours selon la saison, varie entre les grands classiques et les plats de brasserie (tartare pour mon chéri !) et des plats plus délicats. C’est risotto (paradisiaque) aux Saint Jacques ou aux écrevisses, inoubliable magret, pot au feu, un plus léger flétan à la sètoise ou un suprême de poulet… avec de petites patates douces fondantes, des frites maison, du mesclun, du fenouil, ou des pommes grenailles… (Les formules sont à 16 ou 28 euros)

Comme souvent dans les restaurants qui travaillent des produits frais, je trouve facilement des plats « naturellement » sans gluten (mais qui ne conviendraient pas à des personnes allergiques ou présentant une intolérance si sévère que les traces sont déjà un risque)  Bien évidement ces plats ne sont pas toujours sans produits laitiers… C’est souvent le dessert qui nous perd, alors que nous étions plein de bonne volonté. Il faut dire qu’elle est irrésistible leur crème brûlée !  Alors, on ferme un peu les yeux (et on avale notre dose d’homéopathie ou d’enzymes pour digérer) sans états d’âme car cela en vaut toujours la peine. (Ah oui, autant que je vous le dise puisque c’est un peu la minute pratique de cet article, on trouve toujours à la carte au moins un dessert préparé sans gluten, si l’on n’est pas trop pénalisé par le risque de contamination possible : mousse au chocolat, salade d’agrumes, glaces, pavlova… etc)

Mon seul petit regret, tout à fait habituel lors de la plupart des sorties au restaurant, c’est l’absence de pain gluten free… Cela peut vraiment manquer pour certaines entrées gourmandes ou les planches de charcuteries. Moi, si j’étais restaurateur à Chartres (on dirait mon fils ! Moi si j’étais président ou le directeur de l’école…) je congèlerais un peu de pain spécial (parce que je me doute qu’il n’y en a pas si souvent la demande) et, TA DA, à la moindre demande au moment de la réservation, je passerais quelques tranches au four ! Histoire de ne pas nous laisser manger les rillettes à la petite cuillère ou de nous permettre de « saucer » les si bonnes assiettes !

Et l’on cause, et l’on cause… Et le temps s’enfuit dans cette déco si plaisante ! On y vient pour cette atmosphère simple, cosy et tendance, pour ce bleu si enveloppant (un hommage à notre bleu de Chartres et à ses vitraux) pour l’emplacement et la vue, pour le bon accueil et la bonne cuisine qui revendique un art de vivre à la française, qui nous susurre à l’oreille des histoires d’antan, des albums de famille ! Mais si l’adresse a autant de succès je suis certaine qu’il y a une raison supplémentaire : moi je crois en un pouvoir d’attraction puissant, qui émane justement de ces deux « enfants du pays » (qui sont trois, maintenant *). Je crois en la gentillesse et l’amour de la vie qui agit comme un aimant.

* Les nouvelles courent vite… C’était comme si le petit Jésus venait de naître dans le quartier ! Il a du y en avoir, au comptoir, de belles tournées !

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Je voudrais vous dire aussi, avant de terminer, que moi, dans ce Café bleu, je n’y ai que de bons, très bons Souvenirs ! Et pas seulement gustatifs. Que ce feeling good n’est pas juste une accroche d’article à la mode ou une boisson…

En passant devant, chaque jour ou presque, j’y jette un bref coup d’oeil, qui s’avère profond…  Je revois la fête des mères, mon petit pot de fleurs fait avec une boite de thon, ma broche en pâte filo à accrocher sur mon coeur, les cheveux de mon fils penché sur le club des cinq en vacances, pendant la tournée du digestif après un long repas… Toute sa belle patience dans sa splendeur ! Je me dis de ne jamais cesser de l’admirer, et de ne jamais oublier qu’il doit devenir celui qu’il est, pas forcément ce petit garçon que j’ai un peu façonné. Je revois les visites de Laurence et Nataly, leur précieuse amitié… Je revois ces rencontres autour d’une tisane du berger, qui sont devenues des personnes qui comptent… Le visage de celui que j’aime, coloré par le Spritz et l’été ! En y repensant j’accélère le pas, j’ai des papillons sous les talons… Et je me dis que notre vie intime, celle qui est faite d’émotions, jette bien l’ancre où elle veut. Qu’ici est une belle terre… Tant mieux ! Mais que peu importe, car tout restera là au creux de moi, éternel à mon échelle, même lorsqu’un jour la maison bleue n’y sera pas.

Je vous propose un peu plus bas de prendre pour vous 2 minutes 58 (avant que quelqu’un ne vous les prenne !) et de me faire un grand et beau sourire intérieur… En attendant une visite pour de vrai dans ce si beau café !

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Mettez le son, même un peu trop fort – pour une fois – et vos écouteurs… Parcourez à nouveau ces photos, essayez d’imaginer le parfum du safran, le fumet du canard, la douceur du bois sous les doigts, le croquant des sucrines et la couleur de la châtaigne cachée dans la crème brûlée… le bruit mat du parquet sous les pas des serveuses, les lueurs du jour qui montent, et s’abattent sur les grandes baies, comme un serment divin.

Laissez remonter les coins de vos lèvres, entendez tinter les soucoupes, comme un carillon annoncerait une visite, et rêvez d’une chose même improbable à laquelle lever votre verre aujourd’hui… Sentez une petite chaleur qui vous envahit, une envie de quelque chose qui pourrait commencer, ou recommencer…

Pensez qu’ici une nouvelle petite vie est arrivée, que ses parents vont découvrir un beau secret qui n’appartient qu’à eux (mais que tout parent comprend)… qu’ils tiendront cette petite main qui parfois les épuisera, parfois les soulèvera… et que toujours, au moment de remonter le drap au soir, un sentiment d’amour et d’éblouissement plus incroyable et fort que tout les ensevelira.

Ecoutez cette voix, cette ferveur pour dire les choses simples qui peuvent faire éclater notre coeur. You know what I mean… 1f3b5

Une aube nouvelle vient de se lever, une aube à célébrer ! Bienvenue Marceau !

A bientôt ! Claire