Esprit libre et esprit de Noël

En cette période de fêtes, où les émotions ont pétillé, prises au jeu merveilleux des attentes et des apothéoses, des préparatifs puis des retrouvailles et du bonheur profond de souhaiter et de faire don, c’est une romance que j’avais l’intention de vous conter, où une terrible passion fait rage entre un gâteau au chocolat… et moi ! Mais mon article se fera encore un peu désirer. Avant de tout vous dire sur mon Baulois bien aimé, j’avais envie de vous parler de fidélité à soi-même… (c’est bien le terreau nécessaire à toute belle histoire d’amour, non ?)
Mais où est passé Noël sur ce blog ?
Avez-vous remarqué que je n’ai posté aucune recette de Noël ? Sans doute parce que (même si parfois je semble flirter avec le genre) je ne me considère pas comme une blogueuse culinaire… mais comme une blogueuse gourmande ! (Alors, sans étiquette à honorer, j’ai d’autant plus le droit de me dérober.)
Et surtout (si vous avez lu mon article à propos des Liebster Award, vous le savez) j’essaye de toujours écouter la petite voix qui me chuchote, même si c’est souvent à contre courant, de privilégier la qualité et la sincérité, de faire à mon rythme, avec coeur, et de donner du sens aux choses. Parce que c’est mon tempérament, c’est vrai… mais un peu également comme la conséquence de vivre certaines contraintes au quotidien. A force de ne pas toujours pouvoir faire comme tout le monde, commence à se forger un esprit plus libre !
Pas une seule étoile à la cannelle…? Pas la moindre petite miette d’une recette de bûche sans gluten ? Mais pourquoi ?
Si si si, pourtant, j’affectionne décembre et ses traditions, riches en petits bonheurs hivernaux et familiaux, en friandises et en festins, en magie du présent qui rejoint notre enfance… en regards brillants ! J’aime ces instants où l’on s’applique à ré-enchanter l’ordinaire et où se cristallise le bon sens dans la recherche de l’essentiel : partage, chaleur, confort et tendresse…
Oser une parenthèse : le « hygge »
Le mois de décembre est plein de joie (si l’on a la chance de ne pas souffrir de solitude et d’être un peu au chaud… je ne l’oublie pas) et c’est aussi la saison idéale pour découvrir le « HYGGE » cet art du bonheur danois, et très tendance dont vous avez du entendre parler… oui, difficile de passer à côté… ça se prononcerait à mi-chemin entre HOUGA et HEUGEU d’après certains livres… et déjà de le dire, ça déride ! (De source sûre cela se dit en fait HUGUEU). Et bien moi aussi, j’ai plongé dans ce livre !
Et même si ces concepts semblent un peu « évidents », et que nous sommes nombreux à les pratiquer spontanément à la moindre occasion (que ce soit sous le nom de slowlife, joies simples, pleine conscience, douceur de vivre… ou même pour certains à travers de petites éruptions du genre « et foutez-moi la paix 5 mn, bordel, je bois mon thé ») il est parfois délicieux de mettre des mots (justes et apaisés) et des pensées sur ce que nous faisons d’instinct. Et de mener une réflexion sur notre manière d’atteindre un état de contentement, sans faire de notre vie une recherche perpétuelle de ce qui pourrait nous contenter. Vous voyez bien la nuance.
Certains se marrent un peu de cette mode de porter aux nues les chaussettes en laines, tisanes, et bougies qui puent (ce n’est pas moi qui le dit !) et de ce qui, de loin, semble un peu nombriliste et sorti d’une pub IKEA (ouais, ouais… avoir et aimer son petit confort…) mais il faut y voir un mouvement plus vaste à l’encontre d’une société sur-consommatrice, emballée, et qui perd le sens des réalités. Le nouveau graal, c’est vivre l’instant. C’est essayer de prendre le temps. Pour prendre du recul. Pour ré-apprendre à se sentir heureux (et responsables). Entrer dans un cercle vertueux où l’on pourra inclure les autres. Et c’est une ré-éducation de nos consciences à côté de laquelle je ne veux pas passer, quel que soit son nom !
Donc, oui, j’adoooore les traditions de fin d’année qui se prêtent à tous ces instants typiquement « hygge ». Les joues qui piquent, le thé en réconfort du froid, les moments cocooning à l’heure où la brume monte, les cachoteries, les surprises, l’odeur du sapin et les petites bricoles et lucioles qu’on y fait danser, allumer la couronne de l’avent, chanter « entre le boeuf et l’âne gris » (et avoir l’air dans la tête toute la nuit), les repas qui n’en finissent pas, les familles réunies, les premières clémentines, lire des contes et rêver… MMMmmm.. Et bien-sûr les chocolats, les sablés faits maison que l’on décore (et dévore !), les pains d’épices, les orangettes ou les câlins de bonne année… La liste pourrait faire des kilomètres ! (Je me concentre sur le bon et j’occulte les petits désagréments tels que la course aux cadeaux pour qui s’est mal organisé, le budget tendu, les valises à faire à 23h30 – pas chez vous ?- ou penser à se débarrasser du sapin mort avec une mine de sérial killer… et très mauvaise conscience en plus !)
Et pourtant, bien qu’imbibée de l’esprit de Noël, au moment d’envisager un article « gluten free » spécial fêtes, j’ai eu le sentiment de me plier à un exercice un peu forcé… sans l’enthousiasme qui d’ordinaire m’anime et nourrit ce blog. Je n’aurais su dire pourquoi… Mais plutôt que de faire les choses sans conviction ou de les bâcler, j’ai repoussé, et encore repoussé… jusqu’à ne rien publier ! Et au départ cela m’a drôlement culpabilisée, de laisser ainsi mon blog (et vous !) à l’abandon, au moment de monter dans l’avion… Puis avec le recul, je pense que c’était pour moi le bon choix.
Cela m’a aidée à cerner mes vraies (et fausses) motivations. Et à garder le cap de l’authenticité. Car j’allais en fait agir essentiellement pour :
- ne pas décevoir et être là où l’on m’attendait (on m’a demandé tant de fois quelle recette j’allais proposer pour l’un ou l’autre réveillon !)
- coller au calendrier, en « bonne petite blogueuse » qui se respecte (sauf que moi en général je n’aime pas anticiper, ni me précipiter…)
- ne pas me sentir en reste (face aux autres blogueuses et instagrameuses si inspirées !)
Moi, grande philosophe au foyer !
Tout cela pour exprimer qu’il n’est pas simple parfois de savoir faire le tri dans le poids des attentes que les autres ont de nous, et de celles que nous nous créons, et de savoir s’en libérer. Ne laissons pas toujours, ce qui est défini comme la conformité, le modèle à suivre, nous faire plier sous les nécessités ! Il y a bien assez d’obligations et de combats à mener ! Je ne vous incite pas à négliger les autres, vos engagements ou ce que vous entreprenez… mais il est bon de savoir garder une indépendance d’esprit et de renoncer à cocher toutes les cases en vue de se sentir irréprochable (voire parfait), en vue de soigner son image.
L’équilibre est complexe à trouver… Car il est aussi très satisfaisant de satisfaire les autres ! Il faut apprendre à doser, à s’éprouver, à se corriger, à se demander « Est-ce que cela me ressemble ? » « Ne suis-je pas prisonnière du regard d’autrui ? » A toujours sentir à peu près dans quelle mesure nous sommes en accord avec nous-même, et dans quelle autre nous suivons des modèles par convention, par automatismes, par mimétisme, par faiblesse, par nécessités matérielles ou par envie de succès… etc
Merci à vous de m’accepter telle que je suis ! Merci pour votre adorable patience et fidélité ! Vous êtes de plus en plus nombreux ici !
Si vous ne suivez pas mon compte Instagram, j’y ai partagé un peu de mon Noël… Ainsi que mon émotion à propos des voeux formulés pour la bonne année… car ils reflètent notre pouvoir de nous ré-inventer, notre capacité à imaginer, à envisager, à toujours espérer, sans fin, et à sauter dans l’inconnu ! Je trouve cela si beau de provoquer le renouveau, de découper le temps en tranches, pour se dire qu’un lendemain tout neuf est à écrire, que les compteurs peuvent être remis à zéro. Profondément humain, et très beau !
Je vous souhaite à tous, et à ceux qui vous sont chers, une année inspirante, et la plus optimiste possible ! Et pour bien s’élancer, je vous propose à venir un Baulois sans gluten, une recette, des magazines, des coups de coeur à Chartres… et d’autres surprises !
Je vous embrasse ! 🙂
Merci pour cette jolie ode à la fidélité à soi même et à l’esprit libre. C’est vrai qu’au quotidien ce n’est pas toujours simple de garder le cap … mais cultiver ces petits instants positifs font un bien fou. C’est un esprit qui bien souvent m’aide à faire des choix en permettant d’écarter tout ce qui est « satellite ».
Bravo pour cette page un peu à contre courant.
Merci pour ces mots. Non, ce n’est pas simple d’apprendre à se connaître et à se rester fidèle… pris dans le tourbillon du quotidien. D’où l’importance de ces petits moments…!!
Quelle belle respiration. J’applaudis des deux mains, comme à l’écoute d’une belle œuvre musicale où la suspension du mouvement, traduite par un point d’orgue, est parfois indispensable. C’est comme si tu t’étais autorisée un silence libre entre deux sections culinaires !! Bravo, j’adore cette volonté de ne pas toujours être là ou on est attendu. Oui c’est encore un peu de liberté de ne pas vouloir (ou pouvoir) faire comme tout le monde. Et puis être fidèle à soi même ce n’est pas, heureusement, être infidèle aux autres. Il faut avoir le courage d’être parfois à contre courant et aussi d’exercer le contre pied et n’est-ce pas finalement comme le contre point musical (j’y reviens !) : s’autoriser à superposer de superbes lignes mélodiques.
Ton commentaire est magnifique !
Et me donne envie de filer écouter du Bach…
Oui, notre humanité est tapie là, dans le souffle à reprendre… dans nos diversités aussi ! Chacun sa partition ! 🙂
Bravo et Merci Claire pour ce bel article, qui vibre et résonne ! « Et de mener une réflexion sur notre manière d’atteindre un état de contentement, sans faire de notre vie une recherche perpétuelle de ce qui pourrait nous contenter. Vous voyez bien la nuance ! » Tout est dit dans cette phrase mais tu sais si bien développer ce bel état d’esprit!
Merci, Aurélie, c’est si incertain de trouver les mots justes… je suis heureuse si cette phrase semble un bon condensé…
Cela me fait vraiment plaisir que tu apprécies !
Bonsoir Claire,
Je suis très émue par ton article, si plein d’authenticité et de générosité ! Alors je te dis BRAVO de rester fidèle à toi-même et de ne pas plonger dans la conformité.
Esprit libre… et très belle plume aussi !
Une belle année à toi 🙂
Cela me touche, merci pour ce beau compliment.
C’est un article qui me tenait à coeur…
Je ne voulais surtout pas avoir l’air de donner des leçons… juste partager mes pensées… Mais puisque tu poses le mot « générosité », mes craintes s’envolent ! A bientôt ! Très heureuse année !