A Chartres, Sans gluten

Notre Épiphanie (et l’atelier Terra Nossa)

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Vous aimiez beaucoup l’article « La saveur unique de notre galette des rois ».

C’était l’un des premiers publiés, lorsque je ne pensais pas encore faire de ce blog une « chose » publique, et que je me concentrais sur l’exercice de dompter le tentaculaire WordPress, parce que je m’étais mis en tête d’apprendre une ou deux nouvelles choses, après m’être retrouvée licenciée économique. Une ou deux choses comme le maniement des réseaux sociaux et la gestion d’une page web. Et sans me l’avouer encore vraiment, me rapprocher d’une ou deux choses comme écrire, comme photographier. (Même si cette petite formation que j’essayais de valider n’en parlait pas du tout, et s’intitulait – cela me fait sourire aujourd’hui –  « Soyez acteur du web »)

Je sais que vous aimiez cet article de débutante, où l’on apercevait mon fils, tout petit, en train de m’aider à cacher la fève (un camion de pompier) puis humant une part toute chaude. Vous aimiez de cet article son imperfection et son indiscrétion. Sa lumière jaune des photos d’hiver familiales non retouchées. Vous aimiez les petites mèches en vrac sur son front. Ses longs cils. La galette un peu plate, mais tout de même réussie. La happy end ! Et le texte spontané, celui d’une mère un peu excessive dans son amour. Un peu fière et perfectionniste aussi, pour ne pas dormir plutôt que de renoncer.

Moi aussi, j’y étais attachée. Il me rappelait notre vie d’avant Chartres et il marquait le début d’une aventure. Mais suite à un problème technique, j’ai du totalement re-créer cette publication… et les photos ne seront plus les mêmes. Non.

C’est comme ça.

Au seuil à peine franchi de la nouvelle année, cela tombe plutôt bien de me confronter à devoir laisser partir une page. Pour en écrire une nouvelle.

J’ai longtemps aimé m’accrocher à maintenir les choses à l’identique… J’ai ce caractère. Pour vous donner un exemple terre à terre, s’il faut changer un lave linge en fin de vie, ou tout autre appareil, je veux le même. Quand quelque chose me plaît, j’arrive difficilement à accepter de le laisser filer. Je n’aime donc pas égarer mes affaires. Ni en changer trop souvent. Et les renoncements forcés me crispent !

Dans les rituels, les repères, la fidélité, mes petites habitudes, je trouve un grand réconfort. J’y vois le bonheur facile de mon enfant intérieur, le calme qui me convient, l’incarnation possible de ma gratitude et de ma loyauté… Mais depuis quelques temps déjà, j’apprends aussi à accepter les changements, à m’adapter, à laisser en route, à me challenger, à faire sans trop de nostalgie. Et à faire autrement.

Un peu de neuf, un peu d’ancien !

Le titre de l’article est devenu Notre Épiphanie.

Comme la fête qui en porte le nom (ce jour où l’on tire les rois) et au-delà de la signification religieuse, comme l’épiphanie qui s’écrit avec une minuscule : la compréhension soudaine d’une essence, la révélation qui s’avance, comme la pièce du puzzle qui était manquante, et sans notion de crainte ni d’attente, mais d’illumination. D’inspiration nouvelle. Un moment d’émoi, de surprise, de grâce, de conscience aiguisée, un saisissement…

C’est ce que je nous souhaite à tous pour cette année pleine d’incertitudes et de défis : quelques belles épiphanies, menant à de nouvelles possibilités, ou simplement à notre coeur. (Et des retrouvailles aussi !)

Le texte et la recette, eux, n’ont pas changés. Les voici ci-dessous.

Et en photos, je suis heureuse de mettre à l’honneur les jolies fèves venues de la terre, réalisées pour mon blog par Matthieu Viegas @matt.ceramik, et un peu de son univers, capté dans son atelier à Chartres. (Terra Nossa, 40 rue de la clouterie) 

Cela me donne l’occasion d’applaudir les artisans d’art !

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La saveur unique de notre galette des rois

Je me souviens lorsque (dans ce qui me semble une autre vie) je mangeais de la galette tout le mois de janvier, jusqu’à l’écoeurement… ne vibrant plus vraiment à l’idée de tomber sur la fève, sûre d’être reine au moins une fois en trois semaines !

Une routine qui perdait de son charme.

Puis j’ai du cesser de manger du gluten. Mon fils également.

Il y a 12 ans, il était difficile de se procurer de la pâte feuilletée gluten free. Quel chemin parcouru depuis ! Il y eut bien le Biosphère Café qui innovait à l’autre bout de Paris en 2010 en vendant  sur commande une galette sans gluten, mais mes forces étaient limitées… donc, plus de galette pour nous. Je m’étais résignée. Et je cachais la fève dans un simple gâteau. Mais voilà, mon fils a grandi, a commencé à avoir une vie sociale à lui, et un jour, à la sortie de la maternelle, la maîtresse m’a dit fort joyeusement Demain, c’est la galette (c’était toujours pour demain ou après demain quand elle m’annonçait quelque chose, bon sang !) On va tirer les rois en classe… Vous en apportez une sans gluten ?!

Mais à l’époque, ça n’existait pas vraiment une galette sans gluten. Et encore moins à 16h30 pour le lendemain matin.

Une fois qu’il était endormi, j’ai alors mis toute mon énergie à confectionner une galette, dont mon bonhomme haut comme trois pommes n’aurait pas trop honte devant ses camarades, avec qui il devait la partager. (Il fallait donc qu’elle ait bon goût, en plus.)

La première s’est déchirée et n’était pas jolie-jolie, c’est le moins qu’on puisse dire… (Elle aurait fait éclater de rire n’importe quel bambin, sauf peut-être le mien.) J’ai compris mes erreurs et j’ai recommencé… jusqu’à plus de deux heures du matin, juste pour réaliser la pâte. Je n’ai plus regardé l’heure ensuite. J’en ai fait une énorme quantité, pour pouvoir en préparer et déguster une aussi en famille le lendemain, dans la foulée.

J’ai très peu dormi, c’est vrai, mais ce fut la meilleure galette de notre vie !

Elle avait le goût des amandes équitables, et des rires en cachant la fève, du beurre au parfum d’enfance ressurgi tout à coup dans nos vie, des couronnes bricolées ensemble, de mon inquiétude au bord des larmes en voyant la pâte risquer de se fendre totalement à la cuisson, de mon soulagement, puis de notre réelle fierté à tous les trois.

Depuis, nous préparons ainsi, notre galette, et parfois sa version mini pour la cantine, ne cherchant même pas à en acheter une toute prête… (Pour les possibilités actuelles, je vous renvoie à cet article de Because Gus.)

C’est un véritable évènement. Un jour de fête. Une activité en famille qui nous met en émoi du premier coup de rouleau à pâtisserie à la dernière bouchée, en passant par le choix de la fève, les effluves emplissants la maison, la décoration de la table, la distribution des parts à l’aveugle…

Une seule fois par an, hein ! Pour ne pas me rendre malade (voyez la quantité de produits laitiers dans la version aux petits suisses que nous aimons tant) et parce que c’est bien long à faire quand même, même si ce n’est pas compliqué… Une fois suffit ! Mais surtout parce qu’elle a ainsi un goût unique, une valeur et une magie incomparable… en plus d’être savoureuse.

Notes : Une agitation s’empare de moi au moment du montage et de la cuisson… Je donne mon maximum… J’impose un certain suspense (pour ne pas dire stress !). On pourrait dire que c’est donner trop d’importance au résultat, se mettre une pression inutile, mais c’est aussi grâce à cela, à ces petites palpitations, que l’on prend la mesure de ce qui compte. Et que l’on se fabrique des souvenirs.

Si vous n’avez ni le temps, ni l’énergie, les pâtes sans gluten prêtes à l’emploi des marques Croustipâte ou Biobleud sont excellentes, et leur composition n’est pas douteuse. Il vous suffit de préparer la crème d’amandes, et le tour est joué ! C’est ce que j’ai fait l’année dernière. Et ce que je fais si je dois refaire une galette pour une occasion particulière.

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La recette

  • Pour la pâte feuilletée : Merci à Sunny délices pour sa recette sans gluten, version aux petits suisses qui a notre préférence, ou bien détrempe classique (par ici !) ! J’utilise souvent de la farine de riz plutôt qu’un mix, à laquelle j’ajoute un peu de Mix’ Gom de la marque Ma vie sans gluten).
  • Etalez-là directement sur du papier cuisson bien fariné. Ne cherchez pas à étaler trop fin ! (Je la prépare la veille et la garde au frigo sous forme de 2 blocs prêts à étaler, c’est moins long et plus ludique quand arrive le grand jour pour notre atelier cuisine en famille)
  • Pour le fourrage, chez nous c’est une crème d’amandes ultra simple, et pas trop trop sucrée : 100 g. de beurre + 100 g. de sucre + 100 g. de poudre d’amandes + 2 oeufs !
  • Pour le montage : une fois que vous avez découpé vos deux cercles de pâtes (à l’aide d’un moule, par exemple) déposez la crème d’amande (et la fève) sur l’un d’eux (remettez la crème d’amande au frigo si vous la trouvez trop liquide et qu’elle s’étale un peu trop) en laissant une bordure vide de 2 cm. Badigeonnez cette bordure de blanc d’oeuf, déposez votre second disque de pâte par dessus, et scellez les bords à l’aide d’une fourchette, à plat, et si vous voulez vous pouvez même « chiqueter » celle-ci ! Dorer le dessus de la galette au jaune d’oeuf battu mélangé au blanc restant ou à un peu d’eau. Dessinez des losanges ou motifs de votre choix (chevrons et rayures, arabesques, feuilles…) là encore sans trop appuyer, pour que la pâte ne se déchire pas en s’étirant à la cuisson ! A l’aide d’un cure dent, piquez 2 ou 3 trous jusqu’à la pâte du fond.

L’année dernière, j’ai testé une cuisson en moule (et une forme de « tourte ») plutôt que sur une grille, cela changeait un peu, et lui donnait plus d’épaisseur avec un aspect bombé et bien régulier ! Je pense continuer à la préparer ainsi.

Faites cuire à 190°C puis au bout d’un quart d’heure dorez un peu à nouveau à l’oeuf (surtout aux endroits susceptibles de se fendre ou décoller) et baissez le thermostat à 180°… Surveillez là avec amour… C’est prêt quand elle est bien dorée.

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Le feuilletage lèvera sûrement moins que pour une galette classique, mais la pâte est vraiment goûteuse. Si vous voulez vous lancer et que vous avez des questions, n’hésitez-pas, je suis là. Et pour vous remercier de m’avoir lue jusqu’au bout, je rajoute cette petite photo sauvée : la pâte faite maison, les vraies lumières de nos soirées, et le fameux petit camion !

Bienvenue à toi 2021, que l’aventure continue !

Petites bises gelées mais souriantes !

Claire